n'est-il pas infiniment paradoxal de prétendre discuter du silence ?

le silence se définit-il autrement que par une absence, celle de la parole et du bruit ? est-il seulement cette disparition, impossible au demeurant, de tout son audible ?

quelle est donc la vérité, l'immanence de ce silence, dont le talmud dit qu'il " est d'or " quand " la parole est d'argent " ?

que nous dit le silence quand on le laisse exister ?

dès l'antiquité, euripide nous y invite fermement : " si ce que tu as à dire n'est pas plus beau que le silence, alors tais-toi ! ". et lao tseu, avant lui : " la plus grande révélation est le silence ".

mais alors, comment notre société contemporaine peut-elle autant mépriser, au point de l'annihiler, cet état vénéré par les philosophes, les penseurs de tous ordres et reconnu bénéfique et précieux pour la réflexion comme pour la santé ? pourquoi le silence nous angoisse-t-il ?

dans ce petit traité philosophique, nous interrogeons avec jubilation cette notion aussi riche que polymorphe : le silence qui en dit long, le silence qui est musique, le silence méditatif, le silence du menteur, le silence de l'ignorant comme celui du sage, le silence de l'amour et celui de la rupture, le silence de l'absence et de la mort, celui de l'apprentissage mais aussi de la censure et l'asservissement, le silence dans toute sa beauté et tout son pouvoir, mais aussi dans sa négation quasi-perpétuelle en ce début de 21e siècle...

loin d'être un panégyrique du silence, cet ouvrage se veut néanmoins un plaidoyer pour un nouvel usage du silence dans notre quotidien, une incitation à le faire parler, résonner, raisonner, chanter, évoquer, raconter, à l'apprivoiser.

apprenons ensemble à entendre et écouter le silence. c'est un malentendant qui vous y invite.