Festival de BD d'Angoulême 2023 : les 10 titres marquants de cette édition

Découvrez notre sélection de 10 ouvrages immanquables du célèbre festival BD d'Angoulême 2023
A NOTER - Avec cette sélection hétéroclite, il y en a pour tous les gouts. Quelle ouvrage du festival BD d'Angoulême 2023 vous plaira le plus ? Retrouvez notre sélection dans notre magasins. Pensez au Click & Collect pour aller plus vite.

 

Festival Bande Dessinée D'Angoulême 2023 : 10 titres à découvrir

Vous êtes fan de BD ? Eh bien permettez nous de vous affirmer que vous êtes au bon endroit pour assouvir ce besoin primaire ô combien important dans l'existence. Et pour célébrer le premier article de ce nouveau Blog Littéraire de la Librairie Passerelle à Dole, quoi de mieux que de commencer par un événement marquant sur la scène internationale pour tous les bédéphiles francophones : j'ai nommé le Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême.

Cette édition était toute particulière pour les amateurs de BD car cette manifestation était la 50ème de l'histoire du festival, rien que ça ! Durant ces 4 jours de fête, l’événement mettait à l'honneur auteurs et éditeurs et proposait de nombreuses expositions et séances de dédicaces toutes plus marquantes les unes que les autres

Nous ferons d'abord un peu d'histoire en revenant sur les dates marquantes de l'histoire du Festival, ensuite nous verrons une sélection de 10 ouvrages qui nous ont marqué, nous à la Librairie Passerelle et pour finir nous vous donnerons la Référence Ultime qui nous a le plus séduit parmi la ribambelle de Références en compétition.

 

Pourquoi Angoulême est la capitale de la BD en France ?

A la fin des années 60, Angoulême est une petite ville de province en déclin sur le plan industriel. En 1969, un homme, Francis Groux, grand amateur de BD fortement impliqué dans le tissu associatif local, organise une « Semaine de la Bande Dessinée » dans des MJC (Maison des Jeunes et de la Culture) dans le secteur d'Angoulême. Cet événement marque le point de départ de l’intérêt que portera à la ville au 9eme art. Devenu, quelques années plus tard, acteur politique influent sur les affaires culturelles de la ville, il va organisera plusieurs événements de grande ampleur qui placeront Angoulême sur la carte de la Bande Dessinée dans l’hexagone. A cette époque là, la bd commence à avoir une image plus adulte, les grands médias s'approprient la sujet et participent à son avènement.

En 1972, une « Quinzaine de la bande dessinée » est créée conjointement avec les libraires de la ville. C'est durant cette manifestation que seront invités les premières têtes d'affiche Franquin et Gotlib. Quelques temps après, Groux est invité (avec le maire adjoint à la culture d'Angoulême Jean Mardikian) au festival bd de Lucques en Italie, alors considéré comme festival bd de référence à l'époque. Ils obtiennent l'autorisation de créer à Angoulême un festival similaire à celui de Lucques. Le succès énorme de la quinzaine de la BD de 1972 associé à l'autorisation qu'a obtenu Groux du festival du Lucques entraîneront la naissance du Festival d'Angoulême en 1974.

On rentre alors dans une nouvelle ère avec les célèbres Hugo PRATT (qui réalisera la première affiche du festival) et Hergé (qui présidera la salon et signera l'affiche en 1977 et surtout déplacera les foules en ce samedi 22 Janvier 1977). A partir de 1981, Angoulême devient une capitale de l'image en France, les politiques se déplacent en force sur le festival comme en 1984, année où Jack LANG entérine la création d'un « Centre National de la bande dessinée et de l'image » à Angoulême. En 1985, François MITTERAND visite le Festival avant qu'il ne devienne, en 1996, le Festival International de la Bande Dessinée.

En 2008, édition présidée par Lewis TRONDHEIM et après différents noms donnés aux différents prix du Festival, on attribue désormais des « Fauves » (qui devient la mascotte de l’événement) et notamment le « Fauve d'Or » qui récompense le meilleur album de la cuvée.

 

La sélection de la Passerelle pour cette cuvée du festival BD à Angoulême

« Hound Dog », Nicolas PEGON aux Éditions DeNoël

C'est le matin, César se réveille car un chien lui lèche les pieds. Le seul problème c'est qu'il na pas de chien. Il demande à son colocataire d'où vient l'animal, mais malheureusement pour lui, il n'aura pas de réponse à sa question.

En voulant savoir d'où vient le canidé, il se rend dans un bar avec son ami Alexandre. Accoudé au comptoir, les informations locales diffusent la photo d'un gardien de zoo retrouvé mort la nuit dernière dans un incendie.

La photo qui passe en boucle sur les écrans nous montre la victime avec son chien, il ressemble comme deux gouttes d'eau au clébard qui le suit depuis le matin même... On va suivre les deux compères pour tirer cette histoire au clair, le destin fera le reste.

Notre avis :

Prix SNCF du polar à Angoulême cette année, il s'agit de la deuxième BD de son auteur, Nicolas PEGON. Il nous emmène dans cette Amérique péri-urbaine avec ce thriller aux allures de comédie, qui va mener les deux amis à jouer les flics de service pour élucider une histoire qui ne manque pas de chien. Ce polar social fluide et plutôt bien rythmé fait la part belle aux anti-héros, une jolie BD assurément.

 

« La Couleur des Choses », Martin PANCHAUD aux Éditions Ça et Là

Simon est un ado un peu rond. Harcelé par des jeunes de son quartier, il se retrouve à devoir aider une voyante qui, en échange, lui révèle les numéros gagnants de la course hippique du jour. En misant toutes les économies de son père, il se retrouve avec un ticket gagnant de plusieurs millions de Livres Sterling. C'est à partir de là que ses ennuis vont commencer et le lancer dans une aventure qui le feront grandir très vite.

Notre avis :

Lauréat du Fauve d'Or d'Angoulême pour le Festival 2023, ce roman graphique est une expérience unique : toute en infographie, le graphisme minimaliste cache un travail énorme sur chaque planche, les textes avec la situation fonctionnent incroyablement bien. Original et passionnant, cette bd est récompensée à juste titre.

 

« Les Pizzlys », Jérémie MOREAU aux Éditions Delcourt

Chauffeur de Uber à Paris, Nathan est un jeune homme épuisé qui s'occupe de ses deux jeunes frères et sœurs depuis la mort de leur mère. Ayant la lourde responsabilité de subvenir aux besoin de son foyer, il glisse lentement vers l’abîme du Burn Out.

Ultra connecté aux écrans, il est sujet à des crises à répétition qui lui font perdre toute notion de l'espace qui l'entoure, il ne sait plus se repérer sans son téléphone. Un jour, alors qu'il conduit une cliente à l'aéroport, l'inévitable se produit et il emboutit un poteaux électrique avec sa voiture.

La cliente en question, une amérindienne qui rentre au Canada après une absence de 40 ans, va alors déceler la détresse du jeune homme et va réussir à convaincre la fratrie de la suivre chez elle, dans les grands espaces nord-américains. En symbiose totale avec la nature, ils devront reprendre goût à la vie et réapprendre les codes qui les mèneront vers une meilleure perception d'eux même.

Notre Avis :

Véritable fable contemporaine qui dépeint les travers de notre société actuelle, Jérémie MOREAU réussit un véritable tour de force avec ce nouveau roman graphique qui va en séduire plus d'un et plus d'une. Les spécificités de cette ouvrage vont porter sur le dessin plutôt minimaliste associé à des couleurs acides et électriques, caractéristiques que l'ont voit peu dans des bandes dessinées d'aujourd'hui. On est loin du « Singe d'Hartlepool » mais on va plutôt se rapprocher du « Discours de la Panthère », deux histoires magnifiques qui font rentrer Jérémie MOREAU dans le gratin de la nouvelle génération d'auteurs à succès.

 

« Les Trompettes de la Mort », Simon BOURNEL-BOSSON aux Éditions Sarbacane

Antoine se retrouve abandonné chez ses grands-parents par son père, en pleine nuit d'orage. Le jeune garçon va attendre désespérément des nouvelles de ses parents, tout en essayant de trouver sa place sous ce nouveau toit. Son grand-père, homme bourru, qui ne donne pas l'impression d'apprécier sa présence, l'emmène un matin à la chasse. C'est dans cette forêt qu'Antoine va y trouver une libération étonnante...

Notre avis :

Belle BD subtile sur la maltraitance de l'enfance, mais aussi une magnifique ode à la Nature et à la Liberté. Un dessin en bichromie qui donne encore plus de force et de poésie à cette histoire

 

« Hoka Hey », NEYEF aux Éditions Rue de Sèvres

Grandes Plaines de l'Ouest Américain, 19ème siècle. Un pasteur profite de l'ombre d'un grand chêne pour un pique nique improvisé avec une jeune femme de sa paroisse. Les deux personnages sont accompagnés par un jeune homme nommé Georges. Georges est un Amérindien qui a été élevé par ce pasteur suite à la mort tragique de ses deux parents. Il est imprégné de la culture des colons inculqué par le pasteur, et n'a aucune idée de ce que représente ses origines « Lakota ».

Un groupe de trois cavaliers va venir perturber ce repas champêtre et ouvrir une autre route que Georges ne connaît pas. En effet, il s'agit d'un groupe de hors la loi mené par Little knife, un indien Lakota froid et violent, qui recherche le meurtrier de sa mère. Le pasteur semble avoir quelques informations importantes pour Little Knife qui ne reculera devant rien pour nourrir sa soif de vengeance.

Georges sera emmené de force par ce trio qui sera certainement la meilleure chose qui lui sera arrivée de sa vie. Il va enfin avoir accès à la culture qui se cache en lui depuis si longtemps. Mais ce qu'ils ne savent pas c'est qu'un chasseur de prime est à leurs trousses pour leur faire payer leurs agissement, la poursuite est lancée...

Notre Avis :

La grosse claque de la fin année 2022, une Histoire exceptionnelle avec des personnages hauts en couleur, une émotion magnifique quand on referme le livre, on en redemande. Neyef s'est surpassé dans ce roman graphique qui plaira au plus grand nombre. Un graphisme aéré qui donne la possibilité à son auteur de laisser libre cours à son (grand) talent. Des jeux de lumières magnifiques, des détails dans le dessin qui sont scotchant, une référence incontournable à avoir chez soi.

 

« Naphtaline », Sole OTERO aux Éditions Ça et Là

En pleine crise économique argentine, une jeune femme, Rocio, va habiter dans la maison de sa défunte grand-mère, Vilma. En errant de pièce en pièce, la jeune femme va replonger dans le passé de sa famille, à travers l'histoire de sa grand-mère qui a fui l'Italie de Mussolini pour un destin imprévu.

Notre avis :

Graphiquement réussi avec un jeu de cadrage et de couleurs qui nous emportent dans les nombreux changements d'époque sans nous perdre une seule fois. L'auteure, s'inspirant, de sa vie, trouve le ton juste pour nous narrer cette histoire de transmission avec beaucoup de tendresse.

 

« La Dernière Reine», ROCHETTE aux Éditions Casterman

Une gueule cassée de la « Grande Guerre » erre dans Paris tels un fantôme, il s'appelle Édouard Roux. Le destin met sur sa route une jeune femme, une certaine Jeanne SAUVAGE qui saura lui rendre sa dignité car elle a un don, elle est artiste … et surtout, elle confectionne des masques et redonne vie à ces Héros français qui, au sortir du conflit, ne bénéficient pas des honneurs auquels ils ont, légitimement, droit.

Une histoire particulière va commencer entre ces deux personnages et justement Édouard veut lui faire découvrir son Vercors natal, terroir qui l'a vu naître, terre de légendes et de mystères. Il va lui narrer son histoire et l'histoire de sa famille luttant depuis des temps anciens contre la bêtise des Hommes. Il va lui raconter comment il a vu disparaître le dernier ursidé du Vercors. Édouard à un trésor qu'il garde caché et il est l'heure de le montrer à Jeanne ...et au monde entier.

Notre Avis :

Livre de l'Année, rien que ça ! En effet, ce prix décerné par « Lire Magazine » à fait énormément parler de lui à la fin d'année 2022. On ne vas pas se cacher, il faut être clair avec vous, chers lecteurs, c'est une promenade graphique de très haute qualité, qui véhicule une émotion assez incroyable. On referme cet ouvrage avec une pointe de tristesse, plus ou moins grande, fonction de votre sensibilité, sentiment qui prédomine dans cette œuvre fondatrice pour son auteur. Le trait épais, les couleurs sombres, tout est là pour participer à l'atmosphère particulière que l'Auteur veut nous faire ressentir.

Après « Ailefroide – Altitude 3 954» et « Le Loup », Rochette continue de nous émerveiller avec Sa montagne. C'est touchant, tragique et merveilleusement efficace, tous les ingrédients sont là pour vous faire passer un moment que vous n'oublierez pas de si tôt.

 

« La Mer à Boire », BLUTCH aux Éditions 2024

B débarque à Bruxelles pour retrouver A à l’hôtel Métropolis. A, elle aussi, tente de rejoindre B. Leurs aventures commencent, pleine de personnages hétéroclites et de situations absurdes et dangereuses. Vont-ils finir par se trouver et se retrouver ?

Notre Avis :

Blutch étale, encore une fois, toute l'étendue de son talent et de sa poésie dans cette quête de l'amour, avec des dessins toujours aussi denses et précis. Cet univers farfelu qui essaie de s'opposer à ce couple n'est pas sans rappeler Boris VIAN.

 

« Une Rainette en Automne (et plus encore) », Linnea STERTE aux Éditions de la Cerise

Une rainette un peu naïve (née au printemps dernier) croise la route deux crapauds qui vagabondent en direction du sud (et des tropiques). Les deux amis transportent dans leur sac le fantôme d'une fleur de Shungiku « tout juste fanée » qui aspire à rejoindre le sud.

Une jolie quête initiatique va donc débuter quand la petite reinette, avide de nouvelles découvertes, va vouloir faire un bout de chemins avec les deux zigotos. Ensemble, ils feront la connaissance et la rencontre des différents animaux et végétaux qui peuplent ce monde magique. Tous ces êtres les fascineront et les aideront à accomplir leur quête.

Notre Avis :

Que d'émotions en parcourant cet ouvrage coincé entre l'album et la Bande dessinée. Un road trip saisissant, d'une douceur incroyable qui va nous amener à repenser notre manière de vivre, notre spontanéité dans la vie de tous les jours. Une poésie folle anime cette œuvre qui ne nous laisse pas de marbre. On prend facilement quelques minutes pour se perdre dans cet univers onirique. Un style à la fois épuré mais extrêmement précis appelle à la contemplation et nous amène à suivre ce petit batracien jusqu'au bout du voyage, jusqu'au bout de ses envies.

 

« Darwin's Incident », Shun UMEZAWA aux éditions Kana

Des militants activistes défendant les droits des animaux attaquent un institut scientifique afin de sauver les animaux des horribles expériences auxquels ils sont sujets. Ils découvrent à ce moment là une femelle chimpanzé en train de mettre bas. Ils s'emparent la femelle chimpanzé et la donne à un vétérinaire qui s'occupera d'elle. Quinze années ont passé et nous faisons la rencontre de Charlie, un humanzee, né d'un père humain et d'une mère chimpanzé à la suite d'expériences scientifiques. Protégé jusque là au sein d'un cocon familial humain stable, Charlie va découvrir le monde scolaire car il fait sa rentrée au Lycée cette année. Esprit intelligent dans un corps de chimpanzé, il n'aspire qu'à avoir une vie normale mais de nombreuses choses se trament et il fera l'objet de nombreuses convoitises.

Le groupe de militants responsable de l'attaque à l'institut, s'étant depuis radicalisé, a en effet eu vent de la présence de Charlie dans les parages et planifie donc de le retrouver et de le faire rentrer dans leur mouvance terroriste.

Notre Avis :

On est vraiment happé pour le récit d'entrée de jeu, la narration est vive et très bien menée pour ce Seinen qui fera l'objet de 3 autres tomes pour se terminer. A l'heure où les longues séries tournent un peu en rond, c'est dans l'air du temps de faire des mangas terminés en peu de tomes. Le dessin est très propre, plutôt conventionnel pour un manga de ce genre. On aime cette réflexion de l'être simple qui cherche juste à comprendre le monde qui l'entoure tout en se questionnant lui même sur sa propre condition et sur ses envie d'être « normal ». On est forcément touché par la naïveté du personnage principal qui nous renvoie à nos questionnement actuels sur notre société. Un manga à découvrir sans attendre !

 

« La longue marche des Dindes », Léonie BISCHOFF et Kathleen KARR aux Éditions Rue de Sèvres

Fin du 19eme siècle, un jeune orphelin de 15 ans nommé Simon doit mener à bon port une colonie de 1000 dindes en traversant les 1000 km qui le séparent de sont Missouri natal jusqu'à Denver, ville dans laquelle il espérera vendre son cheptel à bon prix. En échec total à l'école, on lui conseille alors de trouver un travail qui pourra lui correspondre. C'est alors qu'il apprend que le prix d'une dinde est 20 fois plus élevé à Denver que dans le Missouri. Il décide donc de mener une expédition qui lui fera parcourir des paysages magnifiques mais dangereux. Il décide alors de s'entourer d'éléments qui lui permettront de mener à bien son Odyssée. La fortune sera t-elle au rendez-vous? Les montagnes Rocheuses lui donneront du fil a retordre et nous voilà partie avec cette équipe du tonnerre en route pour l'aventure.

Notre Avis :

Quelle magnifique adaptation que cette bande dessinée. Il est vrai que l’œuvre initiale de Kathleen KARR offrait énormément de grains à moudre pour une dessinatrice de la trempe de Léonie BISCHOFF mais elle a réussit à se hisser au niveau de l'exigence du roman jeunesse paru en 1999. C'est beau, c'est coloré, on s'attache très vite à Simon, considéré comme le simplet de service qui nous montre toute sa personnalité et son envie de bien faire. Une jolie expérience de vie que celle de Simon. On va de l'humour en passant par le danger ou la tristesse, une adaptation toute en tendresse pour ce titre primé en catégorie jeunesse.

 

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Et bien voilà, cet article touche à sa fin, nous attendons avec impatience la prochaine édition du FIBD, une année ça passe très vite et nous avons encore énormément de choses à découvrir. Vous pouvez retrouver ci dessous la liste des ouvrages primés cette année.