Dans ses «journaux intimes », elles n’étaient qu’un nom parmi d’autres. un nom auquel succédait un commentaire, innommable  : la description d’un viol ou d’une agression sexuelle. en tout, les enquêteurs ont dénombré plus de 300 victimes potentielles de joël le scouarnec, entre les années 1980 et 2017. «pédophile» assumé, ce chirurgien a laissé derrière lui plus d'un millier de pages dactylographiées, où il inventorie ses propres crimes et délits.
péché d’orgueil et pièce à conviction ultime, ses écrits l’ont immédiatement fait entrer dans les annales de l’histoire judiciaire. mais que reste-t-il de ces centaines de femmes et d’hommes citées dans le fameux journal du dr le scouarnec  ?
mineures au moment des faits dans leur écrasante majorité, la plupart de ces personnes n’ont gardé aucun souvenir de ces abus. de la difficulté à se penser victimes d’un crime dont elles n'ont pas mémoire à la prise de conscience de leurs traumas les plus enfouis, beaucoup se confient ici pour la première fois et mettent des mots sur leurs blessures intimes.
cette enquête hors normes, menée sur plusieurs années, dévoile une effarante liste de dysfonctionnements et raconte comment joël le scouarnec a pu bénéficier, des décennies durant, d’une telle impunité. un document essentiel pour comprendre l’inconcevable.
 
hugo lemonier est journaliste indépendant. il collabore avec plusieurs médias (france télévisions, public sénat, arte radio…) et s’est spécialisé pour mediapart dans la couverture des violences sexuelles sur mineurs.